Le Marcello tire sa révérence.

Bien à vous.

Moult gentement Marcello chevalchait quand sa route croisit icelle de seigneurs anglois.

" Seigneur barun, le apostrophent iceluis, nous te transcherons la teste, car les tiens moult souffrances nous inflictent. Nostres bufles ne point mangeoient, mostre roy moque, nostre bière ne point apresçoit. "

Marcello respont : " Culs verts, vostre patois est d’origine, il me couste grandement discutailler avec vostres seigneurs. Moult me puis merveiller de la plainte vostre, certes vostres familiaux imbibés moult sont, la monarquie ridicule nous sembloit, et de vostre viande nous mesfoyons, mais vous guerroyer point ne voulons.
- Bel Sire, dist un Anglois, vostres paroles plus que le miel dulces sont, mais nous venger de vostre vilenie doivons-nous. "

Sur ce, les perfides par grant vertu s’apprestoient à férir, mais Sire Marcello, ayant broché des esperons de or fin, s’escrie " Montjoie " et le premier coulp porte.

" Compaing, que faistes-vos ? "ouït-il soudain.
Le fier Robbie aparoit, merveilleus de bravure. " Les occire point ne doivons-nous, cestes pauvres estres de leur raison maistres ne sont plus. De nostre mespris à grant peine sont iceux dignes, contentons-nous a poursuivre le chemin nostre ! ".

Et de son espee transchoyante, les guidons des paiens fait le rusé Robbie voloyer jusques aux ciels.

" - Deslester iceux manants du tea et du shortbread le leur avons-nous grandement mesrité, Seigneur compaing, dist le Sieur M.
- Oulala Marcello, respont le preu Robbie, tea for two and two for tea ! "

ans Du côté de chez Swann, Proust fait dire à Mlle Vinteuil, dont l’amie veut laisser les volets ouverts :
" On nous verra. Quand je dis nous voir, je veux dire nous voir lire, c’est assommant, quelque chose insignifiante qu’on fasse, de penser que des yeux vous voient. "

Qu’aurait-il pensé des Loft Story et autres avatars du quart d’heure warholien ?

… ou les souffrances du jeune

En 6^e5 (ou en 5^e2), Marcello a lu dans un bouquin obscur qu’en allemand Leidenschaft signifie "passion", et son radical leiden "souffrir". Fort heureusement, il refoule allègrement la période douloureuse que fut l’apprentissage de ses rudiments teutons, sans quoi on pourrait y chercher l’origine de sa cyclothymie affective. Elle gît donc ailleurs, entretenue sans le savoir par quelque âme attachiante.

Attachiant : (peut s’abréger en chiant en cas de crise prolongée) mot-valise néologique désignant tout être surestimant la force et la résistance de son entourage.
Remèdes pour les inconscients qui y croiraient : de la tendresse à volonté (comme les frites au Flunch) – mais fort risque qu’elle passe inaperçue.
Autre remède : le coup de pied au cul – mais risque que le sujet se cabre car il se complaît dans son attachiantisme.
Note écolo : se souvenir que les soupirs relâchent du CO2.

Ernestito, la crème des enfants, aurait récemment fait preuve d'un caractère digne d'un héritier de Marcello, ce qui n'a pas été sans semer la zizanie dans l'équipe pédagogique de l'école de St-Aimé-lès-Biquettes. Le directeur a même convoqué le Marcello pour lui faire part de, comment dire, ses inquiétudes.

Le directeur : Monsieur Marcello, je suis admiratif de vos prouesses diverses et variées, et je suis sûr que votre petit Ernesto est très fier de vous, mais ces derniers temps, il a montré des signes de, comment dire, légère insolence.
Marcello : Ernestito ? Mais vous devez confondre, tous les gens qui s'occupent de lui l'adorent.
Le directeur : Justement, parlons-en, il semble avoir beaucoup de tatas et de tontons, dont certains ont des moeurs, comment dire, pour le moins libérales.
Marcello : Rien que de saintes occupations.
Le directeur : Saintes...  laissez au moins tomber le t.
La secrétaire, entrant avec un plateau : Ah... vous prendrez quand même des petits gâteaux ?
Le directeur : Monsieur Marcello, j'exerce ce métier depuis vingt-cinq ans, je sais ce que c'est que d'éduquer un enfant. Il faut certes laisser libre cours à leur fantaisie, mais parfois il faut savoir, comment dire, les guider.
Marcello : Les guider ? Vous ne me parlez pas de lumière céleste au moins ?
Le directeur : Mais non Monsieur, je vous parle d'autorité. Encore la semaine dernière, nous avons perdu 75% des effectifs de la cantine après que votre fils eut raconté à ses petits camarades qu'avec leurs hamburgers (nous avions fait cet effort démagogique pour compenser l'annulation de l'atelier peinture sur soi, suite à des plaintes de plusieurs parents), ils étaient en train de manger la maman de Bambi.
Marcello : Oh, ça n'était pas méchant, mais le petit est végétarien depuis mon retour du Tibet et aime bien faire du prosélytisme.
Le directeur : Je préfererais qu'il fasse du prosélytisme littéraire. En jetant un oeil sur des copies, j'ai appris que Victor Hugo a écrit l'Odyssée et qu'Emile Zola est l'auteur de Zaza. C'est, comment dire, navrant.
Marcello : Comme vous dites, c'est, comment dire, navrant. Mais je ne vois pas le rapport avec la supposée insolence de mon fiston à son papa.
Le directeur : Oui-da, je m'écarte du sujet. Ce que je souhaiterais, c'est que vous canalisiez, comment dire, sa fougue juvénile.
Marcello : No se preocupe señor, lors de mes prochaines aventures internationales, je le mettrai dans ma valise.
Le directeur : C'est sans doute une excellente idée, un peu d'air frais lui fera le plus grand bien (et ça reposera le personnel de l'école.)
Marcello : Ben voilà. On vous enverra une carte postale pour les fêtes. Hasta la vista !

Deux ans que Maria-Virginia court après Marcello, que Robbie court après Marcello, que des asiatiques libidineux courrent après Marcello, que Jane… (oups, non, Jane est une fière amazone qui pédale cheveux au vent), que Marcello court après lui-même.

Deux ans qu’Ernestito fait des bêtises, que Chantal rame pour monter son spectacle, que John-Claud trafique des pots belges, que Raymonde recolle les pots cassés.

Deux ans qu’un lectorat cosmopolite suit ce carnet de route en CDI, sincères salutations à vous. On ne prend pas d’engagement, seul Thor, le dieu viking diseur de bonne aventure à ses heures perdues, et le grand Sharpa Wen Gama, le cerbère palmé de l’Himalaya, savent si l’on soufflera un jour trois bougies. Mais ils ont promis de se taire.

Marcello, toujours prêt à partager son savoir empirique, va vous expliquer comment réussir un gazpacho digne de ce nom. Pour ne pas exclure son public analphabète, le message est rehaussé d’illustrations on ne peut plus claires.

Choisissez un bol, si possible joli, et tenez-le d’une poigne ferme et délicate à la fois. Reposez-le, on n’en aura besoin que plus tard.

Nous allions oublier : au préalable, lavez-vous les mains si ça vous chante, mais comme vous allez manipuler des instruments aussi chargés de microbes que le doudou d’un enfant de 3 ans… de plus avec des systèmes immunitaires mieux entraînés, on déplorerait moins d’épidémies et d’allergies, mais c’est vous qui voyez.

Délivrez les tomates de leur enveloppe dermique, elles feront moins les malignes, faites un sort à un concombre et émiettez une tranche de pain rassis (unique plat d’un sportif soviétique de la grande époque revenant d’une olympiade sans médaille).

Después, jetez le tout d’un geste mâle dans un mixeur femelle. Saupoudrez d’une pinçounette de sel (du latin sal, salaire négocié après une âpre lutte syndicale). On n’insistera jamais assez sur la nécessaire délicatesse du geste, tout est dans le toucher. La face nord-ouest du pouce contre la face nord-est de l’index, comme une goutte de rosée caresserait les pétales d’une fleur (Maria-Virginia a beaucoup insisté pour insérer cette comparaison).

Quelques onces de basilic, une cuillerée d’huileuh d’oliveuh, versez la mixture dans un bol (celui du début, votre patience est enfin récompensée), un glaçon ou deux et zou, au frigo. C’est fini, on arrête tout, quand on dit STOP c’est STOP. Comme le chantait naguère une publicité pour du café, ça n’est vraiment pas la peine d’en rajouter.

Eventuellement, vous planterez au moment de servir une petite feuille de basilic sur la souplette, pour la déco, une touche de douceur dans ce monde de brutes. Attention, ‘éventuellement’ n’est ici pas un anglicisme (à la différence de l’utilisation des guillemets), l’humble auteur really means éventuellement, possiblement peut-être si vous chante à l’occaz.

Et il sera temps de vous lécher les babines, d’un grand coup de langue bruyant et baveux.

Bon slurp !

Jane, que les services d’Interpol connaissent mieux sous le nom de Gwen, s’est fait embaucher comme chroniqueuse pour contrebalancer le supposé machisme de Marcello. On aura tout vu. Le texte qu’elle nous a pondu pour ce retour en force en dit long sur son état psychologique. Mais laissons-la s’exprimer et ne négligeons par les effets salvateurs d’une e-thérapie.

Les bonnes idées de Tatie Gwen OU que faire quand on n'a pas de mixer et qu'on veut faire un gaspacho. Ah bah oui c'est con ça... (une nouvelle idée de rubrique pratique pour canalblog ?)

Vous avez décidé de préparer pour vos amis (ou pour vous même si vous n'avez pas d'amis) une bonne soupe de tomates froides. Et là, enfer et damnation, alors que vous avez mis trois mois pour faire pousser les légumes bio adéquats sur votre balcon, vous réalisez avec horreur qu'il vous manque un ustensile indispensable : le MIXER !!

Vous pouvez bien sûr dans un premier temps utiliser les armes de destruction massives ménagères qui sont à votre disposition - coupe-ongle ou canif playmobil - mais vous risquez d'y laisser une partie de votre santé mentale pour un résultat médiocre. On peut également envisager une méthode plus archaïque, pour ne pas dire primaire, qui consistera à broyer les ingrédients avec vos petites mimines (amis légumophiles attendez vous à des abysses de délices charnels avec les tomates ! aaaaah transgression tentatrice quand tu nous tiens !).

Mais le plus simple est d'ouvrir vos esprits à l'utilisation d'accessoires insolites qui, sortis de leur contexte habituel trouvent ici une nouvelle vocation et une dimension culinaire audacieuse : une brosse à dent électrique (attention à bien la rincer, sinon le dit gaspacho aura un léger goût de menthol qui ne se marie pas bien avec la tomate) OU votre tonitruant epilady turbo (à condition à nouveau de bien le rincer ... les poils ne se marient pas bien avec la tomate).

Enfin pour les épicurien(ne)s, votre petit sex toy préféré ajoutera une touche épicée et salée du meilleur effet à votre préparation (astuce véridique d'un chef étoilé dont le parfum de l'aoioli avait sucité l'enthousiasme forcené des critiques les plus acerbes lors d'un grand salon culinaire varois "Cet aioli révèleu avec forceu toute la sâveur et la sengsualité des arômeus corsés de la Prôvênceu, vé peuchèèèreu - avé l'asseng")

Et voilàààààààà !

La semaine prochaine, nous étudierons la tarte aux pommes sans pommes (facile, prenez des poires !!! ah ah trop fort). D'ici là, n'oubliez pas, en cuisine comme dans la vie, il est parfois utile (nécessaire, indispensable, vital ?) de sortir des sentiers battus !

À bon entendeur, salut !

La sprinteuse unkrainienne (en cours de naturalisation française) Maria Pitchenkova a passé avec succès les épreuves éliminatoires des championnats du monde.

La sprinteuse ukrainienne - bientôt française – Maria Pichencova s’est qualifiée pour les demi-finales dans sa catégorie.

La Franco-ukrainienne Marie Pichen, seule rescapée du camp tricolore, courra demain la finale du 100 mètres.

Victoire de la Française Marie-France Pichet ! Championne du mooooooonnnnnde !

L’avocat fulmine un réquisitoire, éclaircit une équivoque et concilie les plaideurs. La mémoire chancelle, la victoire balance. Les portes bâillent, les mœurs se pervertissent, la viande se corrompt, on s’inféode à un parti, on terrasse l’insolence, on brise les courages et affole les imaginations. On peut accessoirement abreuver la terre, sonder les cœurs, mortifier l’amour propre et défaire une armée. En fonction du planning, on aura ou non le temps de refondre un livre, saper les forces ennemies, machiner une fourberie, enluminer le teint, étourdir l’eau du thé à la menthe avec des pignons et enlever une place forte. En dernier recours, vous pourrez toujours mitiger une peine, consacrer la gloire, cimenter une alliance et attiser le feu d’une passion. Sans doute le plus important.